Prix Louise Labé 2019
Béatrice Marchal et Anne Emmanuelle Volterra, lauréats du prix Louise Labé 2019
Présidente du Prix Louise Labé, il me revient le devoir de vous annoncer qu’afin de ne pas subir le mal de la « coronisation », les lauréates du Prix Louise Labé 2019 n’auront pas été couronnées le jour dit mais le sont très officiellement bien que virtuellement encore. Nos félicitations vont aussi aux éditeurs qui sont d’une certaine manière le deuxième personnage d’un couple dont nous connaissons les bonheurs et les difficultés. Couronnes attribuées à :
Béatrice MARCHAL, Un jour enfin l’accès suivi de Progression jusqu’au cœur; Éd. L’herbe qui tremble.
Anne Emmanuelle VOLTERRA, « Scènes d’ Hiroshima” ; Éd. Lanskine.
Haut le flambeau de Louise Labé dans la rigueur et l’honnêteté d’un Jury qui aime et respecte chez Louise Labé son souci des formes, sa ferveur dans l’amour, son esprit servi par les mots. Louise Labé, qui, par l’épée, l’amour et le discours, lie au corps l’âme et l’esprit, et, par son combat, reflète cette part féminine des grandes féministes.
Claudine HELFT
Mots prononcés à l’occasion de la remise du Prix par Claudine Helft, suivi de la lecture par Bernard Gabay des extraits des livres récompensés.
Porteuse d’un flambeau qui ne sait dissocier l’amour du corps de l’âme et de l’esprit, Louise Labé ne serait elle pas la femme la plus moderne d’entre nous ? Car après tout elle manie l’épée et le vers, allie le courage physique à celui du dire, elle dit non à l’injustice faite aux femmes, parce qu’elle aime de l’homme qu’il soit ce qu’il pourrait être. Elle dit oui aux féministes dans la plus intime féminité. Femme par le verbe et la sensibilité, elle fait « écho » à cet article paru dans « les Échos » sous le nom de VITTONI qui dénoue avec finesse et intelligence ce qu’il nomme le « péril mortel » de l’écriture inclusive. Comme l’humour joue de sa plus belle corde sur le violon des lettres, ne dit il pas que le « point médian » entraîne le bégaiement. Et de cela on ne peut que lui en être gré. Louise Labé aurait certes de nos jours pris part aux combats des femmes et des hommes épris de justesse, comme celles de ce jury dont je me porte garant en tant que Présidente, en assurant encore notre choix de deux femmes qui par leurs écrits si différents acclament les joies du monde pour mieux en dénoncer les hontes.
« Un monde dont les couleurs ont passé ne laissant à nos jours qu’un trait du stylet »
Anne Emmanuelle VOLTERRA
Ce monde que les hommes doivent « bâtir et rebâtir avec le soin d’un oiseau pour son nid » car ce qu’ils en font n’aura plus de nom si l’on détruit les oeuvres de l’esprit
Beatrice MARCHAL
Et puis : « sur la paroi lisse du poème » ne prolongeons nous pas la terre ?
Claudine Helft
SONNET
Pour Olivier de Magny
D’or barbarin et d’argent de copelle,
D’aniz, d’œilletz, de roses et de lys,
Et de boutons avant l’aube cueillis,
J’ay façonné ceste couronne belle,
Pour en orner d’une forme nouvelle
Le sacré chef de l’autheur que tu lis,
Qui tellement a mes yeux embellis
Que, luy mourant, j’en suis faite immortelle.
Et toutesfois, si tu trouves plus beau
Le verd laurier pour luy faire un chapeau,
Compasse l’en et luy couvre la teste.
Il me suffit d’avoir part on son coeur,
Et de le voir ainsy de moy vainqueur
Comme de luy je fis ample conqueste.