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Parallèle avec l’Arbre … 17 janvier

L’Homme dit à la femme, allez tiens-toi droite! Elle se redresse. Il lui dit: ta tête aussi tiens-la droite. Elle remue le cou de gauche à droite, de droite à gauche, se lève enfin, s’étire. Il approche, la masse de ses mains puissantes, lui fait du bien, au point d’en oublier qu’elle est vieille et lui dans la force de l’âge, qu’il a besoin qu’elle demeure droite et debout, exactement comme l’arbre lorsqu’il est arrivé.
La pièce en était transformée, comme agrandie. Le haut du sapin touchait le plafond, bénédiction venue du chandelier en guise d’étoile. Les branches s’étendaient largement le long des boiseries. Elles avaient été habillées pour l’occasion, vêtues de temps et d’argent comme hommage aux boiseries anciennes, ornées de papillons, d’elfes, de cerfs, de boules de neige et de guirlandes lumineuses. Il avait provoqué l’admiration des grands, des hauts et de “ohhh” des enfants; il répandait une senteur de forêt et quand cette odeur de bois pénétrait les poumons, l’homme et la femme marchaient ensemble en se tenant par la main dans la vaste demeure des souvenirs.
Et puis, c’est arrivé doucement sans qu’ils en prennent vraiment conscience, simplement les branches ne touchaient plus les murs, les boules tombaient comme des fruits trop murs. Et puis ce furent les épines qui jonchèrent le sol comme les cheveux qui parfois jonchent discrètement le parcours des personnes très âgées.
Déraciné le bel arbre perdait vie, s’amenuisait, cessait de sourire et attendait qu’on fit de lui un autre souvenir, le plus beau possible, ou qu’on le fasse entrer dans le royaume des mots pour assurer sa pérennité avant qu’on ne vienne le chercher, comme elle, la jolie vieille dame transplantée ailleurs où elle deviendrait de plus en plus petite, puis s’étendrait un jour pour s’éteindre dans la lumière du toujours.

Manuscrit original de Claudine.

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