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Poésie et poème

Entre le mythe du poète maudit et la réalité simpliste de la chanson populaire, il existe le poème. Né d’inspirations diverses et de cœurs multiples, il fait aussi foi de la construction d’un esprit, qui pour n’être pas toujours génial, n’en demeure pas moins celui d’un artisan (parfois de genie).

Le poète, le constatait L. Borgès, est passif en ce sens qu’il observe, qu’il reçoit et qu’il perçoit : il ressent. Il est également vrai qu’invité à répondre sur la signification de certains de ses écrits, parfois nés d’intuitions fulgurantes, il se montre incapable d’en donner une explication rationnelle. Cela, parce qu’il est bien d’abord un être de sang, d’artères et de mystère, dans le plus obscur de cette « ombre » que le psychologue Jung a si bien cerné.

Mais d’aucuns oublient aussi cet essentiel : à savoir que la « vérité» de J.C. Renard ou de Louis Borgès est faite de mots d’encre et d’esprit et que ces mots-là procèdent d’un acte qui est aussi un engagement, et de paroles qui ne sont pas de hasard.

Car ce qui fait la différence entre les auteurs et ceux qui ne le sont pas, c’est bien que celui-ci est poète et non celui-là. J’entends que si la sensibilité peut être la même, sacrilèges ceux qui se disent poètes parce que déchargeant sur un papier le trop-plein d’élucubrations intimes – rimées, au mieux – ou ceux qui confondent culture et don artistique. Le « particularisme de la poésie est qu’elle n’appartient et n’appartiendra jamais à aucun genre littéraire ». Elle se situe hors de toute définition et plutôt parce qu’elle ne doit pas être que par ce qu’elle est.